La formation d’un pied de vigne
Réussir la taille d’une jeune vigne est un des points clé pour obtenir une parcelle saine et homogène.
Une bonne formation du pied permet de limiter le vieillissement prématuré, d’allonger la vie des ceps et de réduire le développement des maladies du bois.
Les objectifs de la taille de formation (première, deuxième et troisième année de taille) ne sont pas les mêmes que sur une vigne en pleine production. Au début, le point le plus important est de permettre à la vigne de développer ses flux de sèves et de les conserver un maximum dans les années suivantes.
La circulation de la sève
Dans la plante, deux types de vaisseaux conducteurs permettent l’alimentation.
Le xylème, aussi appelé la sève brute, amène l’eau et les minéraux des racines vers les autres organes.
Le phloème, aussi appelé la sève élaborée, est principalement descendant et amène les sucres issus de la photosynthèse des feuilles vers les autres organes.
Entre les deux se trouve le cambium, une fine couche de cellules indifférenciées qui fait la séparation entre deux types de vaisseaux. C’est le cambium qui produit chaque année le xylème et le phloème.
La circulation principale de la sève, et donc l’alimentation du pied se fait sur les quelques millimètres situés sous l’écorce. Le risque de perturber cette circulation par des plaies de taille rases de première année est très élevée. Cela peut avoir un impact important et irréversible sur la vie du cep.
Taille de première année
Il semble intéressant d’ébourgeonner lors de l’année qui suit la plantation, en laissant une ou deux branches. Cela permet de n’avoir aucune plaie sur la future charpente lors de cette première taille.
L’ébourgeonnage est à réaliser tôt, sans sécateur pour éviter toute plaie sur le tronc.
Au moment de la taille, il faut favoriser la branche qui se trouve dans le sens de l’alimentation directe de la sève. Souvent elle est opposée au point de soudure et un peu plus épaisse que la seconde branche. Le bois le plus dans l’axe, qui est au-dessus de la greffe, n’est pas souvent dans le sens principal du passage de sève, il risque donc de provoquer une inversion du flux principal dès les premières années. Généralement on garde un petit cot à deux yeux à la première taille. Il est préférable de tailler tard une jeune vigne, pas avant la mi-mars.
Il faut également éviter toute coupe rase dans la base du cep, donc laisser des chicots de quelques millimètres quand on élimine d’autres branches. L’ébourgeonnage de deuxième année peut être plus intense, mais réalisé tôt, il ne fera pas de dégât à la circulation de la sève.
Taille de deuxième année
Lors de la deuxième année d’installation, une intervention d’épamprage est indispensable. Il y a, en principe, deux branches qui débourrent suite au nombre d’yeux laissés à la taille. Tous les autres départs sont à nettoyer correctement, dans le bon timing, pour éviter les plaies de taille l’année suivante. L’attachage doit être réalisé rapidement derrière pour aider la plante à se redresser. Si la vigueur est faible, vous pouvez conserver une seule branche à l’ébourgeonnage pour renforcer son développement mais s’il y a casse, il faudra alors tout recommencer.
En fonction du choix à l’ébourgeonnage, comme au moment de la taille, il faut toujours sélectionner la branche la mieux alimenté. C’est-à-dire celle qui est directement dans l’axe du flux de sève. On estime généralement qu’il faut un diamètre supérieur à une cigarette pour pouvoir tailler en « pointu ».
Quand la branche est sélectionnée, il faut supprimer les yeux de la base et conserver le nombre d’yeux adéquate (basé sur la vigueur du pied) dans la zone de départ des futurs bras. Gardez suffisamment d’espace sous le fil de pliage, pour ne pas installer le pied trop haut. Sur une vigueur normale 3 yeux sont à conserver, sur une vigueur excessive vous pouvez en garder plus.
Taille de troisième année
C’est l’année de l’installation des bras et de finalisation de l’architecture du pied. En fonction de la taille de l’année précédente, 3 à 4 branches sous le fil de pliage sont au choix. Il faut garder deux branches, les mieux placées, c’est-à-dire, orientées dans l’axe du rang, pas trop haut, pas trop bas. Une des deux sera taillée en courson à 2 yeux, l’autre en baguette à 3 ou 4 yeux.
Il est également possible de tailler des petites baguettes en conservant les 2/3 premiers yeux de chaque côté puis d’ébourgeonner les yeux suivants. Le but est d’avoir des baguettes suffisamment longues pour les attacher sur le fil de pliage. Cette technique permet de mieux caler les pieds et d’améliorer l’orientation des futures branches.