Gestion de l’irrigation
L’état hydrique des vignes est un facteur clef de la qualité et du rendement. Dans la majorité des régions viticoles françaises, les précipitations assurent un apport suffisant. Mais dans les régions plus méridionales, dans de nombreux pays étrangers et pour certains millésimes rendus plus fréquents en raison des changements climatiques, l’usage d’une irrigation peut être souhaitable.
Cycle des besoins en eau de la vigne
Lors de la période entre véraison et récolte, une trop grande disponibilité en eau favorise les profils herbacés dans les vins tandis qu’une trop grande contrainte hydrique donne des vins concentrés, trop alcooleux et tanniques. Cela peut induire un flétrissement des baies voire des blocages de maturité. Il peut être alors nécessaire d’irriguer pour maintenir l’état hydrique dans une contrainte raisonnable (flèches bleues).
A chaque situation un niveau de contrainte
Le comportement de la vigne face à la contrainte hydrique va être très différent d’une situation à l’autre. Les facteurs clefs sont le cépage et l’objectif de production.
Certains cépages vont bien résister à des états de stress hydriques poussés alors que d’autres peuvent bloquer la maturation des raisins afin d’assurer la survie des parties végétatives. De même, un vigneron ayant, pour une parcelle donnée, un objectif prioritaire de rendement s’autorisera moins de stress et irriguera plus abondamment et plus tôt que s’il visait une maturité plus poussée. Tous les intermédiaires sont possibles suivant la stratégie déterminée.
De la même façon, la composition du sol, le climat et un éventuel enherbement vont jouer sur l’apport en eau et impacter la façon d’apporter ou non l’irrigation. Les questions clés dans la définition du système d’irrigation sont :
- Quand commencer l’irrigation ?
- Ou apporter l’eau et comment ? Par goutte-à-goutte enterré ou non, par inondation, par aspersion ?
- Quel volume apporter en un coup ?
- A quelle fréquence renouveler l’irrigation ?
Pour décider si la vigne a besoin ou non d’irrigation, les viticulteurs ont un grand nombre de méthodes de mesures possibles.
Méthodes de mesures
- Méthode du potentiel hydrique (mesuré à la parcelle avec une chambre à pression) la plus utilisée et exploitable. Il s’agit, par mesure de pression dans la plante, d’estimer la disponibilité de l’eau dans les sols.
- Méthode du Delta C13 (mesuré à posteriori en analysant le moût de raisin) comme élément d’analyse critique a posteriori.
- Mesure de la température des feuilles (estimation de la transpiration)
- Bilan hydrique (par modélisation)
- Mesures directement sur plante (conductance stomatique, capteurs de flux de sève, variation du diamètre des troncs) ou indirectement (estimations à partir de données climatiques, sondes dans le sol, calculs d’indices)
- Observation visuelle de la vigne : Apex en croissance / jaunissement des feuilles de la base/ positionnement des vrilles /état du limbe/ feuilles involutées / état des raisins /état de l’expression physiologique visuelle pour l’analyse du comportement.
Ces observations visuelles ou systématisées doivent permettre l’anticipation des besoins en fonction de la météo annoncée et du chemin à parcourir jusqu’à la maturité. Elles assurent la définition d’une stratégie d’irrigation en accord avec l’objectif de production.