Actualités techniques

Les différents mode de lutte contre la grêle au vignoble

Les aléas climatiques, comme la grêle, peuvent être dévastateurs pour un vigneron voir même pour toute une appellation. En fonction de l’intensité de l’orage et du stade végétatif de la vigne, les dégâts sont très variables.

Il est difficile de maîtriser ce phénomène naturel, mais de plus en plus de technologies sont proposées aux vignerons pour tenter de se protéger. 

Un facteur important, qui a beaucoup évolué ces dernières années, est l’efficacité des prévisions météo, primordial pour une protection réussie.

Canon à grêle

Il s’agit d’un système connu de longue date, mais qui se développe en France seulement à partir des années 1970. Equipé d’une chambre à explosion et d’un diffuseur conique il mélange de l’acétylène (gaz extrêmement explosif) à de l’air sec. Cela déclenche un coup de canon à 130 décibels et l’onde crée par l’explosion couvre un rayon de plus de 80 hectares.

Aujourd’hui cette technique s’est modernisée puisque l’on peut désormais activer le canon à distance en envoyant un simple signal depuis son téléphone portable. L’appareil doit être déclenché vingt à vingt-cinq minutes avant l’averse orageuse pour être efficace.

Les avis sont partagés sur ce système, et notamment son efficacité, non prouvé scientifiquement pour l’instant.

 

Générateur à iodure d’argent

Ce type de protection fonctionne par réseaux de générateurs, qui se sont multipliés partout en France depuis 2010. Différentes associations de vignerons se sont créés pour mettre en place des générateurs et gérer leurs entretiens.  Cela a permis de réduire les frais entre 5 à 8€/ha et de couvrir des surfaces plus importantes.

Tous les générateurs sont composés d’une bouteille d’air comprimé, d’un réservoir d’acétone et d’iodure d’argent et d’une chambre de combustion. L’air comprimé permet de mettre sous pression le mélange d’acétone et d’iodure d’argent pour l’acheminer vers la chambre de combustion où il est pulvérisé par un gicleur. Il suffit d’un briquet pour enflammer l’acétone et entrainer l’iodure d’argent dans les airs.

Cette diffusion des cristaux d’iodure d’argent provoque la formation des grêlons dans les nuages. Ceux-ci sont alors plus nombreux, mais plus petits et  provoquent moins de dégât, quand ils ne fondent pas avant d’arriver au sol.

Chaque générateur est mis en route par des bénévoles, qui reçoivent des alertes par sms, environ 4 heures avant le risque de grêle afin que les nuages se chargent en iodure d’argents.

Aujourd’hui 143 appareils couvrent la Bourgogne, 28 générateurs sont installés dans les vignobles d’Indre-et-Loire et 108 appareils protègent le Bordelais.

Depuis peu, cette méthode, dont l’efficacité dans la protection contre la grêle est prouvée, est soupçonnée de polluer les sols. Des études sont en cours.

Ballon chargé de sel

La dernière invention contre la grêle est un ballon gonflable protecteur. Le principe est un système de détection des risques orageux doublé d’une solution de lutte innovante.

Tout part d’un radar de détection des cellules orageuses et d’un logiciel d’évaluation des risques de chute de grêle, quasi en temps réel, qui couvre un rayon de 30km.

Les ballons, gonflés à l’hélium, embarquent des torches chargées de sels hygroscopiques. Une fois l’altitude déterminée atteinte, une micropuce déclenche l’embrasement de la torche. Les sels sont libérés, le ballon éclate et la formation de petits grêlons, moins destructeurs, sont formés.

L’investissement est assez important, il faut un gonfleur pour 1200€ environ, trois à six ballons par orage à 350€ pièce et un abonnement au service de détection proposé par Selerys à 800€/an.

Le bénévole, formé au lâcher de ballons, est alerté une première fois une ou deux heures avant l’orage. Si la cellule se confirme un deuxième alerte est envoyée et la procédure doit être déclenchée.

Filets antigrêle

Suite à un essai concluant, qui a été mis en place en Bourgogne en 2015, l’INAO autorise depuis juillet 2018 l’utilisation des filets verticaux antigrêle sur toutes les parcelles AOP en France.

C’est un filet tricoté dans une maille qui laisse passer le soleil et les traitements, d’une hauteur de 0.5 à 1m, qu’on pose de chaque coté des rangs de vigne.

La pose se fait avant le débourrement et un système de sangles pour relever le filet en boudin en haut du palissage peut être installé. Cela est important pour pouvoir réaliser des travaux comme l’ébourgeonnages, l’effeuillage ou des vendanges en vert.

C’est une technique encore peu appliquée en viticulture car l’installation est couteuse, entre 15.000 à 25.000€/ha, et demande une main d’œuvre supplémentaire pour la pose, mais aussi pour les travaux en vert par la suite.

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